Introduction
L’ocytocine est un nonapeptide synthétisé dans l’hypothalamus qui permet de stimuler l’émission de lait ainsi que les contractions utérines. Elle favorise le comportement protecteur de la mère envers ses enfants.
Cette hormone se comporte dans le cerveau comme un neuropeptide. Elle inhibe la peur, renforce la confiance, l’empathie, la générosité, la sexualité, le lien conjugal et social et la réactivité au stress.
De nombreuses maladies sont associées entre autre à une carence en ocytocine : la dépression, l’autisme, certains troubles du comportement, la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, l’ocytocine possède des propriétés cardio-protectrices…..
L’ocytocine, « l’hormone de l’attachement entre une mère et son enfant ».
Au cours des premières semaines après l’accouchement, la production soutenue d’ocytocine va favoriser l’attachement mère-enfant. Il s’agit ici d’effets centraux de l’ocytocine, c’est-à-dire de modifications dans les circuits mêmes du cerveau.
Les mères qui montrent des taux augmentés d’ocytocine quand elles interagissent avec leurs enfants sont plus sensibles émotionnellement et moins compulsives, elles peuvent mieux planifier leurs tâches. Ces constatations ont des implications dans le traitement de désordres tels que les négligences maternelles, la dépression du postpartum et la toxicomanie (1, 2, 3, 4).
L’élévation de la concentration en ocytocine provoque la contraction des muscles autour des cellules produisant le lait ainsi que des conduits excréteurs, en vue de la tétée. Les troubles de l’allaitement peuvent résulter d’une insuffisance de production d’ocytocine.
Une dose appropriée d’ocytocine par voie sublinguale, intranasale ou intramusculaire peut promouvoir la lactation si nécessaire. Si les mères allaitantes étaient encouragées et soutenues sans restriction, des doses moindres d’ocytocine seraient probablement nécessaires (5. 6, 7, 9).
Ocytocine et sexualité
Les relations amoureuses peuvent avoir un effet profond sur la santé et le bien-être tandis que l’incapacité à maintenir des liens intimes entre adultes est associée à de la détresse physique et émotionnelle.
Les taux d’ocytocine sont plus élevés chez les personnes récemment en couple comparés aux célibataires suggérant une augmentation de production d’ocytocine au cours des premiers stades d’une relation amoureuse.
Les taux d’ocytocine sont directement corrélés à l’interactivité des couples y compris leurs comportements sociaux, les sentiments positifs, les contacts affectueux. Ces taux sont beaucoup plus bas chez les célibataires (8, 11),
L’ocytocine est impliquée dans de multiples voies de signalisation dans le système nerveux central et périphérique et réglemente principalement la physiologie et de l’activité de la reproduction, y compris la reproduction masculine (10 ) et le comportement sexuel. Les rôles de l’ocytocine dans l’érection sont bi-phasiques avec un effet proérectile au niveau du système nerveux central tout en inhibant en périphérie l’érection. L’ocytocine sert aussi de médiateur pour l’éjaculation et la détumescence post-éjaculatoire ainsi que pour la période réfractaire post-orgasme. L’ocytocine et son récepteur dans le système nerveux central font actuellement l’objet d’études pour le développement de nouvelles molécules agissant sur la dysfonction érectile, l ’éjaculation précoce et le traitement du priapisme par injection intracaverneuse d’ocytocine.
L’ocytocine contribue à améliorer les liens amoureux chez les hommes en renforçant l’attractivité de leur compagne et en stimulant le circuit de récompense (12). L’ocytocine est l’hormone de la monogamie (13), (25).
Ocytocine et troubles psycho-affectifs
De nombreuses études montrent que les comportements émotionnels des parents sont associés à l’activité biologique de l’ocytocine depuis l’enfance. L’interaction de l’ocytocine avec son récepteur permet de prédire le fonctionnement psychosocial des enfants. En effet, la modification de ce récepteur peut être à l’origine de la dépression et des troubles anxieux (14).
Les enfants de mères chroniquement déprimées présentent plus fréquemment de l’anxiété, des troubles d’ opposition. Dans les familles des mères déprimées, l’ocytocine salivaire était plus faible chez les mères, les pères et les enfants. Ces derniers montraient moins d’empathie et d’engagement social. Le récepteur à l’ocytocine était également modifié. L’effet délétère de la dépression chronique maternelle sur le comportement social de l’enfant est lié au mauvais fonctionnement du système de l’ocytocine. Une thérapie par ocytocine présente donc un intérêt certain (15).
L’ocytocine et la vasopressine sont des régulateurs de l’anxiété, de l’adaptation au stress et de la socialisation. Le déplacement de l’équilibre vers l’ocytocine, par des stimuli sociaux positifs et / ou par administration d’ocytocine, peut aider à améliorer les comportements émotionnels et à rétablir la santé mentale.(26, 27).
L’autisme et la schizophrénie
L’autisme est une maladie complexe et mal comprise qui apparaît dans les tout premiers instants de la vie et persiste à l’âge adulte. Les personnes qui en souffrent ont du mal à communiquer avec les autres et semblent souvent vivre dans une sorte de monde intérieur impénétrable.
Le mot « schizophrénie » signifie « maladie de la scission de l’esprit ». La schizophrénie est une maladie du cerveau qui affecte la pensée, les sentiments et les émotions, tout comme les perceptions et les comportements.
Pendant la grossesse, les neurones GABA, stimulés par une concentration élevée de chlore, activent le développement cérébral. Au moment de l’accouchement, sous l’influence de l’ocytocine, cette stimulation s’effondre, les neurones GABA deviennent alors plutôt inhibiteurs, régulateurs de l’excitation électrique cérébrale. Ce rôle régulateur persiste pendant l’enfance et l’âge adulte.
L’administration d’ocytocine par voie nasale améliorait légèrement mais significativement, versus placebo, les interactions sociales de 13 enfants souffrant d’une forme d’autisme dite de haut niveau ou du syndrome d’Asperger (proche de l’autisme) (23).
Une des pistes thérapeutiques est l’administration intranasale d’ocytocine. Cette hormone améliore les relations sociales, la confiance en soi et envers les autres ainsi que la timidité (16, 17, 18, 19, 20, 21, 22), (29)
Les troubles obsessionnels compulsifs
Des facteurs environnementaux peuvent conduire à l’hyperméthylation du gène codant pour le récepteur à l’ocytocine ne permettant donc pas sa transcription et occasionnant chez certains patients des troubles obsessionnels compulsifs (24).
L’ocytocine présente un traitement pharmacologique intéressant permettant d’améliorer la socialisation dans de nombreux troubles psychiatriques. L’administration est aisée et les effets secondaires sont marginaux. (28)
Bibliographie
7. Patient Education Section 9. Lactation Services. Oxytocin Nasal Spray. University of Washington Medical Center. 08/2009.
25. Differential effects of intranasal oxytocin on sexualexperiences and partner interactions in couples.Behnia B. and All. Horm Behav. 2014 Mar;65(3):308-18.
26. Balance of brain oxytocin and vasopressin: implications for anxiety, depression, and social behaviors. Inga D. Neumann,n Rainer Landgraf. Trends in Neurosciences. Volume 35, Issue 11, November 2012, Pages 649-659
27. The Oxytocin–Vasopressin Pathway in the Contextof Love and Fear. Sue Carter. Front. Endocrinol., 22December 2017.
28. Oxytocin as Treatment for Social Cognition, Not There Yet. Amaia M. Erdozain and Olga Penagrikano. Front. Psychiatry, 09 January 2020
29. Behavioral effects of multiple-dose oxytocintreatment in autism: a randomized, placebo-controlled trial with long-term follow-up. Sylvie Bernaerts and All. Molecular Autism. 2020; 11: 6.